Le collectif a vu le jour en 2017. Quatre artistes, Paule Riché, Valérie Bourret, Yoma, Christian Martin-Galtier (décédé en 2020), ainsi qu’un philosophe Philippe Gauthier, se sont donnés un mot d’ordre :
« Plantons de l’art ». Un impératif qui pouvait devenir un thème, ou prendre des formes plus inattendues. Les artistes devaient l’explorer avec leurs ressources esthétiques et leur sensibilité ; le philosophe allait exercer un travail de réflexivité qui trouverait peu à peu place dans la démarche d’ensemble.
Si le projet prenait naissance dans un écomusée de la botanique au Noyer, ceci n’était qu’un premier temps. Les perspectives étaient plus vastes qu’une seule résidence ou exposition. Ce temps n’était que le début du projet. L’histoire a son importance car ce qui est désormais le collectif « Plantons de l’Art » inscrit son travail sinon dans la durée, au moins dans le devenir. Le mouvement de création y est incessant et redéfinit en permanence son motif
(ses causes aussi bien que son expression). Chaque œuvre prend place dans cette dynamique. La progression d’ensemble suit des trames dans lesquelles les cheminements de chacun peuvent, tout en maintenant leur originalité, croiser ceux des autres, les prolonger dans une perspective qui n’était pas celle initialement définie sans s’interdire aucune piste.
Il s’agit pour le collectif de se lancer dans une expérimentation qui devra devenir pour le public une exploration. L’accrochage de l’exposition devra rendre le double aspect de complexité du travail (en son sens premier, c’est à dire composés d’éléments hétérogènes qui produisent un effet homogène) et de devenir continuel (le processus ne possède pas de terme, seulement des phases, la création se poursuit). L’essence du projet, si elle devait être résumée, tient en cela. Le végétal y est exploré comme thématique, mais également comme matrice de création. La croissance, les greffes, la pollinisation... sont autant de processus végétaux qui sont à l’oeuvre dans le travail du collectif. L’exposition ne pourra pas en être la seule trace, elle devra mettre en jeu ces forces et donc se modifier elle-même, poursuivre ce mouvement continuel de la création. Le public devra sentir ces processus à l’oeuvre. Il ne s’agira donc pas de simplement présenter un travail déjà fait car cela reviendrait à attirer l’attention sur le seul effet et non sur les forces en jeu.
Philippe Gauthier